Le bibliographe du fantastique et de la science-fiction.
Alain est, en France, le spécialiste incontesté des bibliographies de science-fiction et d’imaginaire.
Il est très présent sur le site de l’association NooSFere créée en 1999 dont le but est de promouvoir la science-fiction parue en langue française. NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique. Le terme nooSFere est dérivé de noosphère.
Il a une page dédié sur le site noosfere.org.
Il a reçu le Prix Spécial des Grand Prix de l’Imaginaire en 2022 pour son travail de bibliographe de l’Imaginaire, notamment pour la bibliographie de Stephen King de 2021. Cette bibliographie, qui fait 204 pages, est disponible en autoédition via Amazon, en deux formats : une édition en couleurs et une en noir et blanc. Elle fournit des détails sur toutes les publications françaises de Stephen King, y compris les couvertures, les dates d’impression, les ISBN, les illustrateurs des couvertures, et les traducteurs. La bibliographie se distingue par son exhaustivité, en recensant non seulement les premières éditions mais aussi toutes les éditions existantes de Stephen King.
Il est aussi le spécialiste d’auteurs comme Stephen King, Dean Koontz, Serge Brussolo, Pierre Pelot ou Claude Seignolle dont il possède l’intégralité de toutes les éditions de l’ensemble de leurs œuvres !
Enfin, en complément de son activité bibliographique, Alain Sprauel constitue un patrimoine littéraire des œuvres fantastiques en langue française. À l’heure actuelle, il possède près de 10.000 livres !
Pour aller plus loin :
L'interview d’Alain Sprauel sur le site Le monde de Mateo.
L'interview d’Alain Sprauel sur YouTube à Obscurae, la librairie de l'étrange (*) à Strasbourg :
« Alain Sprauel, le bibliographe de Stephen King nous parle de ses recherches et de l'imaginaire ! »
Cette librairie vient malheureusement de fermer ses portes en raison d'une situation économique compliquée.
« Une librairie qui meurt, ce n’est pas une page qui se tourne, c’est un livre qui se ferme, à jamais. »(Henri Loevenbruck)
Il y a plus d'un an, Jean-Louis, avec qui j'avais déjà eu quelques contacts et qui savait ainsi que je lisais régulièrement du Karl May, m'avait demandé d'écrire quelques lignes sur l'auteur pour le blog de son site « Winnetou ». Le prochain livre de ma liste de lecture étant un ouvrage de cet auteur, intitulé « Ich », je lui ai demandé d'attendre la fin de cette lecture avant de pondre mon texte. Je voulais faire le « malin » en intitulant ma prose « Karl May und Ich », histoire de faire un petit jeu de mot. Mais... on verra que cela ne s'est pas passé tout à fait comme prévu et que le plus malin n'a pas été celui que j'avais prévu.
Ce témoignage de ma « relation » avec Karl May et son œuvre doit se raconter en trois temps. Pourquoi trois temps ? Parce que je l'ai découvert dans ma jeunesse et redécouvert nettement plus tard...
Deux raisons sont à l'origine de cette relation. Premièrement, né en 1953, je suis de la génération des films de la série des Winnetou (avec un ou deux « n »). Deuxièmement, né à Strasbourg, parlant alsacien et allemand, et surtout regardant comme jeune garçon souvent la télé d'outre-Rhin, les rediffusions de films ou de documentaires sur Karl May, le « Jules Verne allemand » comme c'était quelquefois affirmé, l'auteur ne m'était pas inconnu.
Deux autres raisons sont la cause de ma fidélité dans cette relation. Mais j'anticipe un peu trop, je divulgache (on ne doit plus dire « spoile ») la suite de mon récit. Reprenons donc dans l'ordre...
N'ayant pas tenu un journal, les souvenirs que je vais vous raconter ne sont peut-être pas d'une rigueur chronologique absolue, et ma mémoire étant ce qu'elle est, il faudra faire avec...
1) Jadis..., je dirais même il y a bien longtemps...
Je vais vous parler d'un temps que les moins de... 60 ans ne peuvent pas connaître.
Nous sommes dans les années 60, vers 1964-65 probablement, et j'étais un jeune garçon qui aimait la lecture (aventures, classiques, dicos, tout y passait) et qui commençait à déjà avoir quelques centaines de livres dans sa chambre. Dans le village où j'habitais (on va le nommer pour les puristes : Fegersheim, à douze kilomètres au sud de Strasbourg) il y avait, comme par miracle, un cinéma. 1 franc l'entrée pour les enfants. Séance dimanche à 14 h. Petite salle (peut-être 150-200 places), sièges corrects, programmation au top : Hercule contre Ulysse, Ursus contre Maciste (j'invente un peu, mais, ah ! l'époque des péplums...), etc. Plus rarement, la Grande Évasion, quelques Disney ou Ben-Hur...
C'est là-bas que j'ai vu mes premiers Winnetou (3 ou 4 au moins). Je ne connaissais pas spécialement Charles (sic !) May, bien qu'ayant déjà lu les Bannis du désert à cette époque. Comme je parlais du chef apache Winnetou à tout bout de champ, on m'a offert, probablement en 1966, Winnetou, l’homme de la prairie paru chez Flammarion, livre plus beau que mes Bibliothèques vertes habituelles. (Flammarion a publié à cette époque 4/5 titres concernant Winnetou, probablement pour « surfer » sur le succès des films). La lecture m'a enthousiasmé et je m'en suis procuré trois autres : Le Trésor du Lac d'Argent, Main-Sûre l'infaillible & Le Secret de Old Surehand, que j'ai dévoré assez rapidement aussi. Et je retrouvais mon héros environ une fois par an dans son nouveau film. Bien que j'aie revu depuis certains films plusieurs fois à la télévision allemande dans les années 70 (voire une fois à la télé française), aujourd’hui je me rappelle très peu le détail des histoires, que ce soient des livres ou des films. Je garde pourtant en mémoire le côté « aventure » des films, mais aussi un côté « violent » ou « cruel », surtout des histoires lues...
J'avais raté l’achat d'un cinquième tome chez Flammarion La main qui frappe et Winnetou, acquis beaucoup plus tard, mais finalement jamais lu en français.
A partir des années 80 mon « contact » avec Karl May se fit plus ténu. Plus de lecture, plus de film. Bien que je n'eusse pas oublié les acteurs (français !) Pierre Brice et Marie Versini, le souvenir de Winnetou s'estompa inexorablement. Mais le destin, tenace, veillait...
Nota : j'ai mis en annexe quelques informations concernant les films de Winnetou, pour ceux qui aimeraient en savoir plus...
2) Les années passent...
Durant toute ma vie, j’ai essayé de continuer à lire ce qui m’intéressait, au rythme que m’y autorisaient mes vies de famille et professionnelle. Cela représentait tout d’abord une vingtaine de livres par an (surtout de la science-fiction) lus surtout l’été. Puis après 50 ans, mon travail en région parisienne me fit prendre les transports en commun près de quatre heures pour jour (si ! si !). Cela ne me dérangeait pas vraiment, car le nombre de livres lus par an atteignit la cinquantaine et devenait plus varié : science-fiction, fantastique, policier, classiques. En temps qu’alsacien germanophone, je me fixais aussi la lecture d’un livre en allemand par trimestre. Ce furent d’abord quelques classiques, puis ayant déniché une dizaine de Karl May dans une brocante lors d’un passage à Strasbourg, me (re)voilà avec notre auteur en main.
Ces livres faisaient partie de ses 70 « récits de voyage », mais sans ordre particulier. Je n’avais qu’un titre pour certaines trilogies par exemple (et j’ai donc dû acheter la série complète avant de la lire). Je découvris ainsi en plus d’Old Shatterhand (en Amérique du Nord), Kara Ben Nemsi (au Kurdistan et Moyen-Orient) et Charley (en Amérique du Sud et en Océanie). Ces histoires avaient beaucoup de points communs. Le héros (allemand bien sûr puisqu’il s’agissait d’histoires « vécues ») était très fort, très intelligent, connaissant plus de ruses que les autochtones, parlant de nombreuses langues et dialectes, était très astucieux, mais pacifiste, non violent. Dans l’un des livres lus, Karl May faisait l’apologie de l’Allemagne, ce pays non belliqueux !!! Le don de voyance n’était donc pas dans ses cordes. D’ailleurs les livres me semblaient nettement moins violents que le souvenir que j’en gardais de mes lectures enfantines qui m’avaient donné la chair de poule… Autre étonnement encore plus grand de ma part, un côté spirituel, voire religieux, de certains passages. À la fin de Old Surehand II, Old Shatterhand, qui est aussi le héros de cette (longue) histoire, se heurte à d’irréductibles méchants qui veulent sa peau et qu’il libère plusieurs fois au long des pages en mémoire du Sauveur qui saura les remettre dans le droit chemin. Là aussi la fin de l’histoire lui prouvera le contraire, mais il n’aura pas de sang dans ses mains ni au bout de son fusil. Mon étonnement trouvera quelques explications plus tard, mais n’anticipons pas…
J'avais aussi lu dans cet échantillon quelques titres tout à fait atypiques car se passant en Allemagne : Das Buschgespenst, Der Wurzelsepp. Le début du premier m'a fait penser un peu à Zola, car c'est presque un reportage naturaliste, sans véritable protagoniste principal. Leur lecture a été très plaisante.
3) De nos jours...
On en arrive donc à aujourd’hui.
J’avais donc, comme indiqué plus haut, dans ma pile de lecture « Ich », cette célèbre autobiographie (inédite en français). Mais j’en avais retardé la lecture, car elle faisait partie de mes « coups de force », lubies qui consistent à lire tous les ans un livre « spécial » (très gros, difficile ou hermétique, etc.). « Ich » était dans ce cas, car non seulement il était en allemand, mais aussi en gothique sur près de 550 pages !!! Donc plusieurs semaines de lecture en prévision…
Finalement, je n’ai mis qu’une quinzaine de jours à en venir à bout. Ce livre est étonnant, mais pas forcément là où on l’attend.
Son contenu est le suivant :
- Sermons géographiques (!)
- Divers textes courts
- Ma vie & mes aspirations (autobiographie)
- Commentaires & annexes de l’éditeur
Sa lecture n’a pas été la « corvée » que je craignais et elle a plutôt été agréable. J’avais cru lire la vie et les pensées d’un auteur de romans d’aventures (comme Jules Verne par exemple). J’y ai découvert un homme torturé, complexe, paradoxal, on dirait aujourd’hui un peu « allumé », voué tout entier et toute sa vie à une mission philosophique voire religieuse qu'il s'est fixé...
Les Sermons géographiques, recueil de ses tout premiers textes, sont un curieux ensemble de huit articles spirituels, voire mystiques, qu’on pourrait synthétiser chacun en une phrase de la façon suivante :
1. Toute vie s’efforce de se transcender.
2. L’esprit humain triomphe des forces de la nature.
3. Le grand contexte mondial est régi uniquement par la main de l’Un.
4. L’homme est un maillon de la chaîne de la nature.
5. Les plantes et les animaux sont des êtres animés liés intérieurement aux humains.
6. Les gens sont censés dominer spirituellement la terre.
7. L’humanité ne peut atteindre son objectif que par l’unité.
8. Par l’humanité vers la paix internationale !
La relation étroite entre ces principes directeurs et les idées centrales de ses dernières œuvres est évidente.
On retrouve ces principes dans ses romans et la fin d’Old Surehand évoquée précédemment s’explique beaucoup mieux, ainsi que de nombreux comportements « humanistes » des héros de Karl May.
Ma vie & mes aspirations est le premier tome d’une autobiographie inachevée. Un second opus qui devait parler en détail de ses voyages n’est jamais paru.
Karl May y raconte sa jeunesse, son difficile apprentissage de la vie où il ne trouvait pas sa place, ses pensées, donc sa « philosophie » (il y rejoint le texte précédent à maints endroits). Il évoque à de nombreux endroits « Le conte de fées de Sitara », courte histoire que lui a raconté sa grand-mère et qui sera son leitmotiv de toute sa vie, et aussi celui de nombreux héros de ses livres. Je ne suis pas sûr que le texte existe en français sur internet, mais si vous lisez la langue de Goethe (et de May) profitez-en car c’est assez édifiant !
Ce livre a été écrit dans un contexte particulier. À cette époque (1910), Karl May était impliqué dans de nombreux procès liés aux droits d’auteurs des livres, sa personne étant souvent traînée dans la boue à cause de son passé « trouble » (délinquance, prison…). Sa biographie n’est donc pas une revue contemplative de sa vie, mais appartient plutôt à la série de documents de défense destinés à convaincre les avocats, les tribunaux et les lecteurs de sa réputation. Aussi il paraît (les spécialistes le disent) que la vérité historique a été quelquefois « aménagée » pour atteindre le but poursuivi. (À la décharge de Karl May, on dira que c’est le cas de la plupart des autobiographies).
Sa lecture est toutefois très captivante, car l’ouvrage est écrit dans un ton très différent des romans d’aventures. Les invincibles Old Shatterhand et Kara Ben Nemsi s’effacent devant un fragile Karl plus souvent au creux de la vague qu’à son sommet.
La dernière partie du livre est aussi très intéressante. Les documents et compléments éclairent sa vie et son œuvre, commentent voire contredisent la biographie. Le documentaliste bibliographe que je suis y a forcément trouvé son bonheur.
Néanmoins, dans le futur et mes prochains livres de Karl May (car il en reste encore un certain nombre à lire), ma lecture en sera différente, car les « messages » de l’auteur prendront le pas sur les aventures des protagonistes. Sera-t-elle plus agréable ? ou influencée négativement par la lecture de « Ich » ? L’avenir nous le dira. De toute façon, je ne suis pas rancunier et j’ai mis sur ma liste au Père Noël le livre ci-contre. J’espère le recevoir, en souhaitant que ma sagesse ait été reconnue en Laponie, car elle se réfère à celle de Winnetou découverte il y a bien longtemps.
Alain Sprauel
Nota : les dates de sortie des films proviennent de Wikipedia ou IMDB et ont été mises en regard avec mes propres documents (saisons cinématographiques 1960-1971), ce qui devrait garantir leur fiabilité.
1 | 1962 : Le Trésor du lac d'argent (Der Schatz im Silbersee) de Harald Reinl avec Lex Barker, Pierre Brice et Karin Dor Sortie en Allemagne : 14 décembre 1962. Sortie en France (Paris) : 16 août 1963. |
2 | 1963 : La Révolte des Indiens Apaches (Winnetou I) de Harald Reinl avec Lex Barker, Pierre Brice, Marie Versini & Mario Adorf Sortie en Allemagne : 11 décembre 1963. Sortie en France (Paris) : 12 août 1964. |
3 | 1964 : Les Cavaliers rouges (Old Shatterhand) de Hugo Fregonese avec Lex Barker, Pierre Brice, Daliah Lavi et Guy Madison Sortie en Allemagne : 30 avril 1964. Sortie en France : 15 janvier 1965. |
4 | 4. 1964 : Le Trésor des montagnes bleues (Winnetou II) de Harald Reinl avec Lex Barker, Pierre Brice, Karin Dor, Klaus Kinski et Mario Girotti (Terence Hill) Sortie en Allemagne : 17 septembre 1964. Sortie en France : 20 octobre 1965. |
5 | 1964 : Parmi les vautours (Unter Geiern) de Alfred Vohrer avec Stewart Granger, Pierre Brice, Elke Sommer, Gotz George et Mario Girotti (Terence Hill) Sortie en Allemagne : 8 décembre 1964. Sortie en France : 5 août 1966. |
6 | 1965 : L'Appât de l'or noir (Der Olprinz) de Harald Philipp avec Stewart Granger, Pierre Brice, Uschi Glas, Mario Girotti (Terence Hill) et Macha Méril Sortie en Allemagne : 25 août 1965. Sortie en France : 20 juin 1966. |
7 | 1965 : Winnetou III / Sur la piste des desperados (Winnetou, 3. Teil) de Harald Reinl avec Lex Barker et Pierre Brice Sortie en Allemagne : 15 octobre 1965. Sortie en France : 17 août 1966. |
8 | 1965 : Massacre à la frontière (Old Surehand, 1. Teil) de Alfred Vohrer avec Stewart Granger, Pierre Brice, Letfcia Roman et Mario Girotti (Terence Hill) Sortie en Allemagne : 14 décembre 1965. Sortie en Belgique : 12 juillet 1968. |
9 | 1966 : Le Jour le plus long de Kansas City (Winnetou & das Halbblut Apanatschi) de Harald Philipp avec Lex Barker, Pierre Brice, Uschi Glas et Gotz George Sortie en Allemagne : 19 août 1966. Sortie en France (Alsace) : 1967 ? VO seulement ? |
10 | 1966 : Tonnerre sur lafrontière (Winnetou & sein Freund Old Firehand) d'Alfred Vohrer avec Rod Cameron, Pierre Brice et Marie Versini Sortie en Allemagne : 13 décembre 1966. Sortie en France : 17 décembre 1969. |
11 | 1968 : Le Trésor de la vallée de la mort (Winnetou & Shatterhand im Tal der Toten) de Harald Reinl avec Lex Barker, Pierre Brice et Karin Dor Sortie en Allemagne : 12 décembre 1968. Sortie en France (Alsace) : 13 octobre 1971. VO seulement ? |
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