Après la trilogie « Winnetou - Der Mythos lebt », diffusée à la télévision pour la première fois fin décembre 2016, un nouveau film a été réalisé en 2022 par Mike Marzuk. Le réalisateur donne vie à la figure culte Winnetou dans sa jeunesse. Le film est basé plus ou moins sur les romans de Karl May dont sont tirés principalement le nom de quelques personnages. Le scénario ne correspond à aucune intrigue de ses romans.
Le jeune chef Winnetou dont la sortie était prévue initialement le 24 février 2022 à l’occasion du 180e anniversaire de la naissance de Karl May (25 février 1842 - 30 mars 1912) a été reportée au 11 août 2022 en raison de la COVID.
La première date avait été également retenue, car c’est en 1962, il y a exactement 60 ans, que débutait la saga cinématographique allemande la plus populaire avec « Le trésor du lac d’argent ».
Ce film pour enfants vise très clairement les souvenirs de jeunesse des parents et des grands-parents afin d'encourager une fréquentation intergénérationnelle des salles de cinéma.
C'est du moins le cas pour les personnes d'un certain âge, qui ont ici l'occasion de se sentir encore une fois comme des enfants - et il semble presque que ce soit justement le véritable groupe cible que l'on veut convaincre avec ce film. Celui-ci connaît en effet encore Ralf Wolter dans le rôle de Sam Hawkens, le joyeux faire valoir de Winnetou et Old Shatterhand, qui termine chaque phrase en ricanant par « si je ne me trompe pas ». Si, dans « Le jeune chef Winnetou », un garçon nommé Sam Hawkens se comporte de la même manière, seuls ceux qui connaissent déjà les originaux comprendront ce gag à répétition.
La transmission de valeurs positives telles que l'amitié et la famille est le fil conducteur de l'intrigue.
A douze ans, fils de chef, Winnetou (Mika Ullritz) se considère déjà comme un grand guerrier. Son père Intschu-tschuna (Mehmet Kurtulus) n’est pas d’accord. Son fils devrait encore apprendre à retenir son esprit et à prendre ses responsabilités. Mais lorsque les Apaches ne parviennent pas à chasser les buffles, des temps difficiles s’annoncent. Mais une nuit, il fait prisonnier l’orphelin Tom Silver (Milo Haaf) qui s’était approché des chevaux. Une rencontre lourde de conséquences, car Tom prétend pouvoir conduire Winnetou jusqu’aux buffles disparus. Les deux se lancent dans l’aventure et Winnetou espère enfin gagner le respect de son père.
Le duo originaire de mondes complètement différents découvre rapidement que le criminel Todd Crow (Anatole Taubman) a quelque chose à voir avec la disparition des buffles. Dans leur aventure dans le désert, les deux sont épaulés par la sœur de Winnetou, Nscho-Tschi (Lola Linnéa Padotzke). Rien de moins que le sauvetage du peuple apache est en jeu.
Deutsche Film- und Medienbewertung (FBW)
Qu'il s'agisse de courses-poursuites à pied et à cheval, d'une bande d'escrocs qui agissent avec humour ou de petits héros en herbe avec lesquels on peut vibrer et compatir - avec Le jeune chef Winnetou, le réalisateur Mike Marzuk et sa co-scénariste Gesa Scheibner ont créé un film d'aventure qui, avec son récit féerique, divertira bien le public enfantin. Le message d'une coexistence pacifique est au cœur de l'intrigue qui met en scène le jeune apache Winnetou et le jeune orphelin Tom. Car au départ, les deux garçons ne sont pas les meilleurs amis du monde. Mais l'aventure commune et ce qu'ils ont appris en chemin les amènent à s'aider mutuellement et à devenir amis. Un message on ne peut plus actuel et positif. De plus, la petite sœur de Winnetou, Nscho-tschi, toujours dans l'ombre dans les films traditionnels de Karl May, est au moins aussi courageuse et rusée que les garçons. Avec Mika Ullritz, Milo Haaf et Lola Linnea Padotzke, le trio d'enfants est parfait, notamment grâce à un jeu très naturel. Anatole Taubman, qui interprète le gangster Todd Crow de manière si exagérée que les enfants prendront un plaisir fou à le voir jouer, est particulièrement amusant. Et les magnifiques paysages et la musique d'ambiance sont comme une invitation dans le royaume féerique d'un mythe littéraire.
Source : filmbewertung.com / Traduction winnetou.frJugend Filmjury
Nous avons trouvé le film varié et passionnant, car il y avait beaucoup de rebondissements et de moments surprenants. L'amitié et la confiance entre Tom et Winnetou étaient particulièrement importantes dans l'intrigue. Le film a été tourné dans un environnement très particulier, qui correspond bien au genre du western, ce qui nous a beaucoup plu. Les prises de vue étaient réalisées sous de nombreux angles et ont également été tournées au ralenti. Les plans de drones en vue aérienne étaient également très impressionnants.
Quand on connaît les anciens films, c'est passionnant de voir comment était Winnetou enfant. Winnetou a beaucoup changé en bien au cours du film. Au début, il était égoïste, ne pensait qu'à lui et laissait tomber les autres. A la fin, il s'est engagé pour ses amis et pour la tribu. Mais certains d'entre nous ont trouvé que le film était trop détaillé à certains endroits. Le message du film était : "Ne juge pas avec tes yeux, mais avec ton cœur". Proverbe indien.
Nous recommandons le film à partir de 7 ou 8 jusqu'à 99 ans. Il faut toutefois veiller à ce que les enfants puissent rester bien assis, car le film est assez long.
Le film a été programmé lors de l'édition 2022 du festival AUGENBLICK en Alsace. Le film a été proposé dans plusieurs cinémas avec des sous-titre en français.
Ce festival propose des films de cinéastes souvent méconnus en France mais garants d’un cinéma de qualité, des plus récentes productions aux films de répertoire en passant par les courts-métrages d’école. Initié en 2005 par le RECIT (Réseau Est Cinéma Image et Transmission), le Festival AUGENBLICK promeut le meilleur du cinéma germanophone tout en valorisant le bilinguisme franco-allemand propre au territoire.
Bande-annonce VOSTFR du film Der junge Häuptling Winnetou réalisé par Mike Marzuk, montré dans la catégorie "Jeunesse" à la 18e édition du Festival Augenblick 2022.
Visuellement, le film n'a rien à voir avec les vieux films de Karl May. À l'époque, ils avaient été tournés en Yougoslavie et plus particulièrement en Croatie.
Pour ce film la beauté des paysages reste un des grands atouts. Le tournage a eu lieu en Andalousie à Alméria qui possède une toile de fond parfaite pour tourner des westerns. D'ailleurs de nombreux westerns spaghetti ont été tournés là-bas dans les années 1960 et 1970. Sergio Leone y a tourné « Il était une fois dans l'Ouest » (1968) et Pierre Brice y a interprété une dernière fois le chef des Apaches dans le téléfilm en deux parties « Le retour de Winnetou » de Marijan David Vajda (1998).
Mike Marzuk : Réalisateur
Mike Marzuk, Karl May et Gesa Scheibner : Scénaristes
Ole Wilken : Directeur de production
Felix Hultsch : Superviseur de la production (prise de vue sous-marine)
Lisa Buchheim : Coordinatrice de production
Silvia Fischesser : Coordinatrice de production
Mika Ullritz : Winnetou [Rôle principal]
Milo Haaf : Tom Silver [RP]
Lola Linnea Padotzke : Nscho-tschi [RP]
Mehmet Kurtulus : Intschu-tschuna [Rôle secondaire]
Anatole Taubman : Todd Crow [RS]
Tim Oliver Schultz : Nagi-Nita [RS]
Hildegard Schmahl : Sikari-Zinu [RS]
Helmfried von Lüttichau : Sheriff Watson [RS]
Axel Schreiber : Adjoint du Sheriff Wilson [RS]
Sunny Bansemer : Miss Elli [RS]
Michael Kranz : Freddy [RS]
Daniel Christensen : Butch [RS]
Kjell Brutscheidt : Foley [RS]
Xenia Assenza : Ish-kay-nay [RS]
Silke Franz : Miss Hawkens [RS]
Marwin Hass : Sam Hawkens [RS]
Hendrik Von Bültzingslöwen : Hank [RS]
Gonzalo Cortés : Ahiga [RS]
Fritzi Hennemann : Doublure Winnetou
Almeria, Murcia, Cabo de Gata et Tabernas.
Le dernier film consacré au petit Apache « Winnetou » suscite une vive polémique en Allemagne. L'oeuvre est jugée raciste en raison de l'appropriation culturelle qu'elle véhicule.
Le 11 août, l'entreprise Ravensburger avait annoncé la mise en vente de plusieurs produits autour du film. Quelques jours plus tard, Ravensburger a décidé de retirer de son catalogue un livre pour enfants qui était prévu pour accompagner le film car l'entreprise affirme y avoir découvert « de multiples clichés » qui trahissent la véritable histoire de « l’oppression des peuples indigènes ». Il est a noter que le film a enduré les mêmes critiques son distributeur ne l'a pas pour autant été retiré des salles.
La maison d'édition se serait rendue compte que l'image des « Indiens » de Karl May datait du 19e siècle et n'était plus tout à fait d'actualité. En réalité Ravensburger a retiré ce livre suite à des accusations de racisme. Des critiques ont été formulées à l'égard de ces produits de marketing considérés comme l'illustration parfaite du racisme colonial en raison des stéréotypes et de l'univers romancé qu'ils véhiculent sur le peuple des Amérindiens qui a souffert d'oppression en Amérique du Nord. Ces retours négatifs ravivent les discussions autour de la « cancel culture » et les précautions que doivent prendre les entreprises face aux nouvelles normes véhiculées par une partie de la société.
La vision du monde conditionnée par l'époque est partagée par Karl May avec pratiquement tous les auteurs du passé. La particularité de Karl May réside dans le fait que, dans sa représentation du « Far West », la sympathie du narrateur va dès le début aux populations indigènes qui souffrent. Leur dignité et leurs qualités humaines s'incarnent dans des figures idéales comme Winnetou, le chef des Apaches, et la destruction tragique de leur existence matérielle et culturelle sous-tend tous les récits de May sur l'Amérique du Nord : « Il est indéniable que la terre qu'ils habitaient leur appartenait ; elle leur a été enlevée. Tous ceux qui ont lu l'histoire des "célèbres" conquistadores savent quels fleuves de sang ont coulé à cette occasion et quelles atrocités ont été commises ». (Karl May : Winnetou, der Rote Gentleman. 1. Band, Freiburg i. B. 1893, p. 3).
Ces quelques autres citations montrent combien Karl May est pacifiste et chrétien : « Qu’on n’appelle pas l’Indien un sauvage. Il est créé à l’image de Dieu comme le blanc qui se croit infiniment plus haut. », « Tous les hommes, les blancs et les noirs, sont les enfants de Dieu. » ou encore « Le grand esprit ne tient pas compte des différentes couleurs de peau des hommes (...) mais il regarde leur coeur ».
Dans l'opinion publique, les avis sont très partagés et certains dénoncent une censure exagérée, car le petit Apache est perçu comme un personnage inoffensif qui offre une belle illustration de la culture indigène d'Amérique du Nord. (Source : https://www.dhnet.be)
Cette rage aveugle de destruction des « wokistes », cette haine envers tout ce qui ne correspond pas à leur vision des choses rejoint celle des barbares qu'ils prétendent combattre.
Quelques témoignages :
Gonzo Flores, fier membre de la tribu Lipan apache du Texas, est le guérisseur officiel officiel de la tribu Lipan Apache déclare : « Karl May nous a montrés sous un jour positif ». Selon lui, Winnetou est « comparativement progressiste ». D’autres Native Americans sont également d’avis que May a contribué à leur notoriété et que Winnetou transmet des « valeurs positives ». « Karl May a réussi à faire venir des chercheurs allemands, et c’est ainsi que notre savoir, notre langue, notre littérature ont été préservés », affirme Flores.
Pour le journal conservateur Bild, les éditions Ravensburger ont capitulé devant « l’hystérie wokiste ». Hubertus Knabe, l’ex-directeur du Mémorial de Berlin-Hohenschönhausen, siège de la prison centrale de la Stasi du temps de l’Allemagne de l’Est indique que « cela rappelle la période du stalinisme, quand les aventures de Winnetou ne pouvaient circuler que sous le manteau ».
Note winnetou.fr : J'ai la chance d'être bilingue, et j'ai lu pratiquement tout les romans de Karl May qui m'a semblé être tout sauf raciste. Il a dénoncé l'extermination des Amérindiens, l'esclavage, aussi bien atlantique que musulman. J'ai également traduit la lettre ouverte de la Karl-May-Gesellschaft. Il est possible de consulter la traduction dans le panneau dépliant ci-dessous.
La décision de la maison d’édition Ravensburger de retirer plusieurs publications autour du film « Le jeune chef Winnetou », suite à une accusation de racisme lancée dans les médias sociaux, a suscité un vif débat. Les militants décoloniaux ont qualifié de véritable péché la référence à Karl May, qui défendrait une vision du monde raciste dépassée et romantiserait ou passerait sous silence le génocide de la population indigène d’Amérique.
Sans entrer dans le détail du contenu du film et des livres qui l’accompagnent — qui sont des réinterprétations totalement libres de l’univers romanesque créé par Karl May dans les années 1890 —, la Karl-May-Gesellschaft et la Karl-May-Stiftung tiennent à préciser les points suivants concernant l’approche des représentations historiques d’autres cultures :
1) En tant qu’écrivain allemand du XIXe siècle, Karl May est inévitablement marqué par l’habitus (1) d’une époque coloniale. En écrivant ses récits de voyage, il crée, à partir des connaissances de l’ethnographie contemporaine, des mondes d’évasion exotiques pour son lectorat bourgeois, qui agissent en même temps comme des espaces de probation fantastiques pour un moi exalté par la littérature. Les stéréotypes ethniques courants de l’époque et une perspective eurocentrée sont donc inscrits dans ses premiers textes. C’est la tâche des études littéraires et culturelles de les mettre en évidence de manière critique et de les ramener à leurs sources.
2) La vision du monde conditionnée par l’époque est partagée par Karl May avec pratiquement tous les auteurs du passé. La particularité de Karl May réside dans le fait que, dans sa représentation du « Far West », la sympathie du narrateur va dès le début aux populations indigènes qui souffrent. Leur dignité et leurs qualités humaines s’incarnent dans des figures idéales comme Winnetou, le chef des Apaches, et la destruction tragique de leur existence matérielle et culturelle sous-tend tous les récits de May sur l’Amérique du Nord :
« Il est indéniable que la terre qu’ils habitaient leur appartenait ; elle leur a été enlevée. Tous ceux qui ont lu l’histoire des “célèbres” conquistadores savent quels fleuves de sang ont coulé à cette occasion et quelles atrocités ont été commises ». (Karl May : Winnetou, der Rote Gentleman. 1. Band, Freiburg i. B. 1893, p. 3)
Dans d’autres lieux également — en Amérique du Sud et en Afrique du Sud, au Moyen-Orient et en Extrême-Orient — l’oppression et l’exploitation économique, l’esclavage et la mission violente, avec leurs motifs et leurs conséquences, sont toujours présentés de manière drastique et condamnés sans équivoque. Le mépris arrogant des cultures extraeuropéennes, le langage raciste et l’intolérance religieuse sont des caractéristiques constamment dépeintes de manière négative par Karl May. De ce fait, l’auteur a sans aucun doute joué un rôle d’éducateur à la tolérance et à l’ouverture au monde auprès de son lectorat, en grande partie adolescent, pendant plusieurs générations.
3) En s’intéressant de manière autodidacte à l’histoire, aux religions et aux langues des cultures extraeuropéennes, Karl May s’est progressivement élevé, au cours de sa vie d’écrivain, au-dessus de l’esprit chauvin de la fin du XIXe siècle. Sous l’influence d’un long voyage en Orient, il a entièrement mis son œuvre littéraire tardive au service d’une humanité non confessionnelle et a développé, à la veille de la Première Guerre mondiale, l’utopie d’une fraternité humaine fondée sur le respect mutuel. Cette partie idéaliste de son œuvre est encore aujourd’hui injustement reléguée derrière les récits d’aventures populaires dans la conscience collective.
4) La maison d’édition Ravensburger justifie sa décision par la constatation qu’une représentation du chef apache Winnetou basée sur Karl May a blessé les sentiments d’autres personnes. Si c’est le cas, on ne guérit pas des blessures en effaçant d’un revers de main le responsable — ou, à sa place, une personnalité artistique historique. Au contraire, une thérapie efficace et durable nécessite de s’attaquer explicitement aux causes.
Dans ce contexte, Karl May, souvent réduit à quelques clichés cinématographiques, mérite un examen différencié. Sa représentation extrêmement influente des cultures extraeuropéennes fait elle-même partie depuis longtemps de l’histoire culturelle européenne et constitue un exemple instructif de rencontre productive et autoréflexive avec l’altérité. C’est précisément parce que ses textes supposent, verbalisent, combattent et dépassent les préjugés qu’il n’est en aucun cas « dépassé », mais qu’il vaut la peine d’être lu au 21e siècle.
(1) L'habitus est le produit du travail d'inculcation et d'appropriation nécessaire pour que ces produits de l'histoire collective que sont les structures objectives (e. g. de la langue, de l'économie, etc.) parviennent à se reproduire, sous la forme de dispositions durables, dans tous les organismes (que l'on peut, si l'on veut, appeler individus) durablement soumis aux mêmes conditionnements, donc placés dans les mêmes conditions matérielles d'existences. (Pierre Bourdieu - 1930-2002 - Esquisse d'une théorie de la pratique)